Accueil Culture Du 23 au 28 mars 2022, le Festival des Ksour : Après la traversée du désert, la fête

Du 23 au 28 mars 2022, le Festival des Ksour : Après la traversée du désert, la fête

Tataouine, cette ville historique de l’extrême Sud tunisien, fera encore parler d’elle, comme elle l’a toujours fait, depuis 41 ans déjà, grâce à son fameux Festival.  Une nouvelle  édition. Un mégaspectacle au programme et quelques grains de sable.

Le Sud tunisien regorge de mystères, de découvertes et de potentiel. Tataouine ne fait pas l’exception et les festivals sont là pour répondre à l’esprit aventurier des visiteurs. A l’approche du Festival des ksour sahariens, du 23 au 28 mars 2022, Tataouine accueille chaleureusement des visiteurs venant des quatre coins du globe. Ce Festival international souffle dans une poignée de jours sa 41e bougie dans le cadre d’une cérémonie digne de son parcours et qui mettra davantage en valeur ses trésors et ses particularités culturelles et patrimoniales. Lors d’une visite aux oasis de la région, où le sable s’illumine aux reflets dorés des dunes et le ciel dégagé, brille d’un bleu éclatant, Moez Belhassine, ministre du Tourisme, rend hommage à ce paradis du Sud. Sous le charme, il indique que la région dispose d’atouts capables de la transformer en un pôle de shopping et d’affaires à l’échelle aussi bien  internationale que locale. Dans son allocution d’ouverture, il affirme également que Tataouine a tout pour faire du tourisme un véritable moteur de développement. Le ministre a souligné l’ampleur de la relation qui existe entre les dimensions culturelles et touristiques dans la région, faisant remarquer que les Ksour sahariens sont une voie toute tracée pour lancer un tourisme durable, ajoutant que l’espace saharien est un point de liaison idéal entre les civilisations et les cultures. « Notre but est de s’inscrire sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, car le Sud tunisien vaut d’être connu par le marché mondial », termine M. Belhassine.

De son côté, le gouverneur de la région, Adel El Ouerghi, a décrit l’image de Tataouine, en insistant sur son côté sécurisé. Dans son allocution, il a révélé la valeur historique de Tataouine et la richesse du Festival qui aura lieu pour la 41e fois, malgré la pandémie covid-19. Il a ajouté, par ailleurs, que cette année aussi, le festival se déroulera dans les meilleures conditions. Le site offre des paysages assez variés. Il offre une vue panoramique sur une grande partie de l’horizon, permettant d’apprécier les palmiers géants à perte de vue et le sable fin couleur or. Ces ressources naturelles ont su préserver l’identité de la zone et son originalité.

L’artisanat et ses grains de sable 

Ali Ghomd, président du complexe de réhabilitation du patrimoine, indique, quant à lui, que les ksour sont des bijoux architecturaux uniques. En effet, les ksour sont des logements de 1 à 4 étages et se composent de cellules rondes et superposées. La région est connue pour la splendeur de son paysage montagneux, qui a inspiré beaucoup de réalisateurs et de films à succès y ont été tournés. La particularité du lieu a, en outre, attiré Georges Lucas dans « La Guerre des étoiles ». La noblesse des ksour sahariens et l’ancienneté du patrimoine du Sud tunisien séduisent les visiteurs arabes du Festival. Mais le secteur touristique souffre de quelques tares,  comme pour le cas de l’artisanat, touché de plein fouet par les bouleversements du marché du travail mondial, et de nombreux métiers  sont voués à disparaître si on ne fait rien. Ces métiers en voie de disparition dans l’artisanat ne cessent d’augmenter au fil des ans, et la transmission du savoir de père en fils n’est plus de mise. Un sentiment de résignation s’empare ainsi des artisans qui ne peuvent diversifier leurs produits et n’arrivent pas à s’adapter aux nouvelles exigences du marché. Rencontrée sur place, une artisane de margoum de la région de Tataouine qui mentionne amère : « Ça fait vingt-cinq ans que je suis dans le métier et je n’ai pas vécu une pareille situation. Il n’y a aucune amélioration dans le secteur, au contraire, il régresse. L’ouvrier est payé une misère. On garde l’espoir de jours meilleurs ». Au loin, un espace proposant  faux bijoux et poteries diverses. La propriétaire lance d’un air fataliste que la situation est devenue désespérée, spécialement en ces temps de pandémie. Elle accueille le visiteur avec un sourire légèrement crispé, le regard vague: «Nous trouvons du mal à écouler nos marchandises, en attendant une reprise du tourisme et des jours meilleurs ».

En se baladant dans le Sahara, Dr Thabti Ali, Spécialiste en archéologie et histoire du Sud-Est explique que la 41e session du festival des ksour sahariens de Tataouine a pour objectif la valorisation professionnelle d’un patrimoine local typique qui caractérise la région de Tataouine en mettant l’accent sur l’utilisation d’images et des courts métrages de publicité de haute qualité.  « Notre but, pense-t-il,  est surtout d’intégrer ce patrimoine, tant matériel qu’immatériel, dans le cycle économique touristique en le valorisant comme catalyseur de développement, en en faisant une entité vivante,  afin de garantir son dynamisme et sa sauvegarde ». De son côté, Sahbi Fredj, directeur de production du festival a annoncé : « J’ai toujours réfléchi à la façon qu’on pourrait valoriser et comment faire la promotion du produit culturel ? Mon but a toujours été de définir la spécificité des régions ».

Valoriser le patrimoine culturel

Par ailleurs, Tataouine est une ville tunisienne assez riche sur le plan patrimonial et historique, mais souffre malheureusement de la marginalisation. A cette occasion, le Comité du festival des ksour essahrawia « étudie la possibilité d’établir des scènes purement relatives à la région qui s’avèrent harmonieuses avec les deux types de patrimoine : matériel et immatériel, et surtout avec le patrimoine oral, transmis à travers les générations. Il faut  protéger l’identité culturelle de toute distorsion. C’est dans cet esprit que les ministères de la Culture et du Tourisme ont concocté le spectacle «Zahw elmahfel»; soixante participants (acteurs, musiciens, poètes populaires, cavaliers et top modèles, en costumes traditionnels, comme El Houli), outre les galeries d’art et les tentes.  Cette initiative consacre aussi  la réconciliation des habitants avec leur patrimoine.  Les habitants de Tataouine se plaignent du manque d’hôtels et de logements durant la semaine du Festival. « Ces derniers lancent un appel aux autorités pour trouver des solutions », fait remarquer M. Lotfi Aouni, trésorier du Festival des ksour sahariens de Tataouine.

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